Au Coeur du Lys
Voici deux jours je suis allé au club - le Lys en l'Isle où se fera la dédicace de mon bouquin, vous êtes au courant - histoire de repérer les lieux puisque je suis destiné à y passer un bon bout de temps ce vendredi 11 juin...
Le métro le plus proche est Pont-Marie, mais j'avais envie de revoir ce très beau vieux quartier de Paris et je suis descendu à Saint-Paul, la station précédente.
J'ai pris la rue de Fourcy, et déjà, j'ai trouvé qu'il y flottait un petit parfum d'érotisme... Mais je ne pense qu'à ça, c'est bien connu.
Tout de même, à peine sorti du métro, tomber sur deux ravissantes en tenues légères, c'est charmant...
Bon, j'ai suivi tout droit la rue de Fourcy qui recèle de superbes sites, j'ai traversé le Pont-Marie, admirant au passage la Seine, toujours aussi majestueuse, toujours aussi glauque également, me souvenant avec un petit ricanement que Jacques Chirac avait promis de s'y baigner quand on en aurait terminé l'assainissement... Encore une promesse en l'air de notre ex-président !...
Toujours tout droit, la rue des Deux Ponts, et à droite la rue Saint-Louis en l'Ile, qui traverse l'îlot de bout en bout.
Et à gauche, la rue Le Regrattier. Le club est là.
Chic et cossu... Pas un bouge, quoi.
Fabrizio m'a accueilli, qui était en train d'accrocher des cadres partout avec des photos originales dedans, pleines de dames en porte-jarretelles et parfois même sans culottes - mon Dieu ! - et autrement bandantes que les gravures de modes de la rue de Fourcy !... Je crois même avoir vu Betty Page, ficelée et bâillonnée comme aux grands jours de la "Nutrix", ou alors c'était sa soeur !...
Franchi le sas d'entrée ( faut montrer patte blanche ) il y a un grand bar et le vestiaire; et puis un escalier de pierre qui mène aux caves voûtées, le coeur de l'endroit.
"Toi qui entre ici, laisse toute espérance", disait Dante dans son enfer !...
Mais non, allez !... Malgré la pénombre trouée de lueurs rougeâtres, rien de sinistre ni d'effrayant !...
Au contraire, c'est plutôt luxe, calme, et volupté... Le pervers Beaudelaire au lieu de Dante le Terrible.
Au bas des escaliers, plusieurs salles moyenâgeuses, aux arcs d'énormes moellons, des colonnes; on s'attend à y trouver une froide humidité et des relents de moisi, il n'en est heureusement rien...
Au contraire, un autre bar plus intime, des sièges confortables, de lourdes tentures, nous y attendent.
C'est dans cette première pièce que je vais devoir me soumettre à la torture dédicacière !... Fabrizio m'a promis un oasis de lumière, afin que je me rende compte de ce que j'écrirai...
Donc, la chose ne se présentait pas mal, et j'ai pu m'apercevoir que les personnages de mes dessins se sentaient déjà chez eux... Mais oui, croyez-moi si vous le pouvez mais ils m'échappent parfois, ces voyous !...
En voici la preuve : ce trio de libertins sortis sournoisement de mes cartons étaient en pleine action quand je suis arrivé !... J'ai râlé un peu, pour la forme, mais ça les a fait rire.
"- Allez, Waldo, fais pas ton rabat-joie ! Qu'ils m'ont dit; on répète pour la soirée du 11 !... prends plutôt une flûte de Champagne, il est frappé à point !..."
Je me suis laissé faire, à condition que le costaud assis sur la banquette me prête la cravache que je lui avais dessinée.
Ce qu'il a fait bien volontiers...