Tu l'as vu ?...
L'exhibitionnisme est toujours représenté par un vicelard masculin libidineux. Hélas, mille fois hélas, il est à craindre que cette peu ragoûtante image soit la plus habituelle.
Claude Berri, dans "Stan the Flasher", dernier film réalisé par Serge Gainsbourg, ou mieux encore, "Pervers Pépère", la BD de Gotlib, sont assez représentatifs.
Je n'ai pas d'image évidente de Claude Berri montrant sa zézette, mais je trouve très belle cette photo de tournage de Marie Clérin.
Pervers Pépère qui, ici, loin de ses coupables activités, instruit une petite fille.
L'exhibitionniste aime donc à exposer, dans l'ouverture soudaine d'un vieil imperméable, sa bite molle et ses balloches pendantes. Devant des femmes, naturellement. Bien que l'exhibitionniste soit généralement impuissant et incapable de violer qui que ce soit, (ce n'est pas son but) montrer son service trois-pièces en public est un délit. Mais ces types sont des malades, c'est du moins la faculté qui le dit.
Heureusement pour nous, les hommes -et pour les dames qui savent apprécier les jolies choses- l'exhibitionnisme féminin se porte à merveille, croît de jour en jour, et les filles qui s'y adonnent sont loin d'être malades !...
J'enfonce une porte béante en évoquant les plages où fleurissent les seins nus et les fesses protégées des regards par un fil médian mais là, c'est de l'exhib de masse, et trop d'exhib tue l'exhib !...
Prenons un exemple : un type quelconque flingue dans la rue un quidam qu'il ne connaît pas. C'est un assassin. Deux-cents mecs avec des uniformes en crèvent des tas d'autres qu'ils ne connaissent pas davantage, ce sont des héros. Seulement, bien sûr, si l'on est dans le même camp qu'eux, cessez de m'interrompre.
Donc, un individu qui montre son cul en public est un sale exhibitionniste ; mais si un millier d'autres font pareil en même temps, ce sont des estivants. Alors, puisque tout le monde expose son cul, plus personne n'y fait attention. Sauf sans doute quelques érotomanes dangereux, mais je n'en connais pas personnellement. Enfin, un ou deux, peut-être, mais je ne donnerai pas de noms.
Du coup, pour que la chose ait du sel -voire du piment, il faut braver les interdits en se dévoilant dans des endroits incongrus. Des tas de jolies nénettes, coachées par leur petit ami ou un photographe (vidéaste) persuasif (les deux, pourquoi pas ?) se mettent à se promener intégralement nues dans des rues passantes, s'installent à des terrasses de restaurant, font des choses sales, se mettent des trucs dans le derrière que c'en est pas croyab' m'ame Royale, quelle-époque-décadente-y'a-des-fessées-qui-s' perdent !... Il y en a des milliers sur internet, et je n'exagère pas.
Celle-ci, faut des motards pour l'arrêter... En plus, elle a le droit de passer au rouge !... Je la ferais bien passer au rouge pour lui apprendre la décence, moi, à cette éhontée !...
Celles-là s'y mettent à deux !... C'est trop !...
Cela dit, l'idée de photographier des créatures dénudées dans des lieux peu propices ne date pas d'hier. Je m'y étais d'ailleurs exercé avant que cela ne devienne courant... Je retrouve, dans ce qui reste de ma bibliothèque, ce recueil de photos qui date de 1988. Sympa. On sent Raphaëlle (le modèle) un peu coincée, guettant la possible arrivée d'un gêneur. C'était pratiquement les débuts de Dahmane, qui a bien récidivé depuis lors.
Un peu plus tard, un reportage d'une vingtaine de pages dans "New-look" va plus loin, et la nénette n'a vraiment pas froid aux miches !... Ces deux exemples ne sont pas exhaustifs, loin de là, mais je ferai un sujet plus tard sur l'exhib' et je ne vais pas brûler toutes mes cartouches !...
Et puis, depuis qu'il y a des fonctions photo sur les téléphones, le "selfie" et né et grandit à vue d'oeil, si j'ose dire.
Le selfie, vous ne l'ignorez pas, consiste à se photographier soi-même en tenant l'appareil à bout de bras, seul ou accompagné, et pour n'importe quel motif. Bien logiquement, cette mode a engendré quelques pratiques moins innocentes que de se tirer le portrait, le sourire idiot, sur le Pont des Arts, avec son boy-friend où sa meilleure copine. Il va de soi que la belle image n'est pas le but recherché, mais il peut arriver que ce soit plaisant à l'oeil.
Les filles ont commencé à photographier ainsi leurs charmes les plus arrondis (et les autres aussi) souvent avec l'aide d'un miroir, ce qui est évidemment plus pratique pour immortaliser son cul. Mais, si ces demoiselles gravent dans les pixels et dans le privé leurs charmes intimes, la locomotive de l'exhibitionnisme est tout de même sur les rails, puisque ces images se retrouvent sur le net... Et qu'on ne me raconte pas que ce sont toujours des indélicats qui les ont publiées, tandis que la malheureuse jeune fille qui s'était innocemment cliché l'entrecuisse s'apprête à aller noyer sa honte au plus profond du canal St-Martin.
"Tu les trouves jolies, mes fesses ?..."
"Et mes seins, tu les aimes ?..."
Et ma chatte, et mes baskets, tu les kiffes ?...(1)
Vous remarquerez sans doute, mon cher Watson, qu'une trace sans équivoque dans le fond du collant -que la gueuse porte sans culotte- atteste de son excitation coupable.
Mais elle n'est pas chez elle, la bougresse !... A droite de l'image, un caddie ; et des rayonnages qui évoquent du matériel de bureau. Et des boites avec des sens interdits... Drôle d'endroit.
Souvent, les demoiselles s'arrangent pour camoufler leur visage. C'est loin d'être toujours le cas. Ce qui n'est pas très prudent.
Tout de même, si des culs pareils ne doivent rien à photoshop (ce qui n'est pas prouvé) on se dit que parfois, la nature s'emmerde pas !...
Une tentative d'esthétisme. Saluons l'intention !...
Je passe celle-ci uniquement parce qu'elle ressemble très fort à une demoiselle que j'ai bien connue quand j'étais jeune et fringant. Alors que nous pratiquions ensemble l'horizontalité sexuelle, Je lui ai octroyé quelques bonnes claques sur les fesses. Elle m'a dit, stupéfaite : "pourquoi tu me bats ?..." J'ai de suite compris que notre idylle allait tourner court.
Une chose est sûre, c'est que leur cul est la première préoccupation de ces demoiselles !... Je ne vais pas leur jeter la pierre comme un con de Taliban, vu que mes préoccupations ne sont pas loin des leurs !... Enfin, de leur cul, veux-je dire !...
"-Vous prendrez bien un whisky ?... -Juste un doigt. -Vous ne voulez-pas un whisky avant?..." (2)
Sur cette photo ce qui m'intrigue, c'est l'arrière-plan, pas l'arrière-train. Que sont donc ces choses vaguement phalliques qui pendent par grappes sur le mur du fion ?... Le mur du son ?... Aaah, (je vais y arriver) le mur du fond ?... Bizarre, non ?... Si vous avez une idée, éclairez-moi !...
Et pourquoi pas à deux ?...
Encore un derrière qui défie les canons de la Vénus callipyge. Comme si Tsipras n'avait pas assez de soucis comme ça !... Oh, mais... un derrière fessé, on dirait !... Etrange, Watson, mon camarade. Le décor indique pleinement des toilettes publiques. Or, la tenue élémentaire (mon cher Watson) interroge sur le lieu où se trouve cette jeune femme. Bistro, restau ?... Des endroits où il n'est pas évident de recadrer une vilaine fille...
Là, pas de problème. Madame selfise sa fessée...
Et puis, y'a pas que les filles, hein ?... Le giton de service fait de même, au flash, dont l'éclair va préserver son incognito !...
Photo top quality. Rien à voir avec le smartphone. Vraiment photographiée dans la glace : nikon est écrit à l'envers... Un selfie amélioré par la technique, sans guère plus d'originalité.
Comment ces photos arrivent-elles sur la toile ?... Sont-ce les filles qui les mettent sur fessebouc, touitteure ou autres blogs ?... Sont-ce leur petits amis qui s'en chargent, -avec leur assentiment ?... Ce qui semble ressortir de tout cela, c'est que ces photos, si elles sont très personnelles à l'instant du clic, ont pour finalité d'être vues par le plus grand nombre.
Et puis, Il existe aussi de vraies artistes qui se mettent en scène, et se photographient elles-mêmes avec un véritable appareil, pas un téléphone, et qui n'utilisent pas le miroir, qui engendre une inévitable monotonie dans les selfies. Miroir ou bras tendu, tous se ressemblent, seul change le modèle.
Non, L'engin sur pied, le retardateur, et douze secondes pour prendre la pose. Vraiment sportif !... Mais le résultat est très au-dessus du simple "je me photographie sur les chiottes" !...
(1) Dialogues du "Mépris" de J.L. Godard, 1963. Le dernier est une contribution personnelle.
(2) "La Cité de la Peur", d'Alain Berbérian, Les Nuls, 1994.