HISTOIRES D'EAU-FORTE...
J'ai fait un sujet sur Louis Malteste en 2010 :
http://waldoblog05.canalblog.com/archives/2010/03/25/17357336.html
Depuis, je l'ai régulièrement cité, mais j'avais envie de reparler de lui, et surtout de vous présenter quelques images de qualité supérieure à l'ordinaire. En effet, si ses illustrations ne sont pas rares sur le net, elles sont souvent d'un niveau technique très médiocre, loin de rendre justice au talent de ce grand illustrateur.
Cette illustration est le premier dessin de louis Malteste que j'ai vu. C'était dans un fort intéressant ouvrage de Roland Villeneuve : "Le Musée des Supplices", paru chez Veyrier dans les années 1968. J'ai dû attendre internet et l'an 2006 -38 ans...- pour retrouver des dessins de cet artiste. Enfin non, ce n'est pas tout à fait vrai : dans les années 80, Dominique Leroy ressortait des fac-simile de certains bouquins des "Orties Blanches", où Malteste illustrait "Baby Douce Fille", et "Quinze Ans", tous deux de Sadie Blackeyes, alias Pierre Mac Orlan, que j'avais achetés.
Le dessin ci-dessus était légendé : "Saine émulation... Eau-forte de Louis Malteste." Eau-forte...
Ce n'est pas impossible. Mais cette technique de gravure en taille douce nécessite tout de même du temps et du matos. (Pour simplifier, on dessine sur une plaque métallique (cuivre souvent) recouverte d'un vernis, et qu'on mord à l'acide.) On obtient ainsi une gravure en creux qui, une fois garnis d'encre, permet d' imprimer des estampes. Les couvertures des romans mentionnent souvent des illustrations à l'eau-forte, et c'est sans doute vrai, bien que me surprenant un peu... En effet, le matériel nécessaire devait être assez coûteux, et à moins que je ne sois arrivé à la mauvaise époque, ce genre d'illustrations est extraordinairement mal payé !...
Du coup, je me suis attaché à chercher quelle technique utilisait Malteste, divertissement de dessinateur... Pas forcément simple. Eau-forte, okay, puisque c'est écrit... Mais certaines images évoquent nettement le lavis, bien plus simple à mettre en oeuvre. Remarquez, on peut aussi faire du lavis à l'eau-forte, alors !...
L'image trouvée sur le net, même -et surtout- si elle a été bien scannée, présente un autre écueil : on voit la trame d'impression du bouquin !... Sauf quand ceux-ci étaient imprimés en héliogravure ( procédé d'impression en creux).
Ici, les pointillés du simili ou de l'offset sont très visibles.
Pour ce qui est le l'illustration ci-dessus,la robe, les bas de coton évoquent un travail au crayon-carbone, crayon-fusain... Pourquoi pas ?...
Mais une fois encore, le manque de définition dû aux repros successives va nous faire perdre des indices, mon cher Watson !... Quand soudain... Sur quoi tombe-je ?... Le site n'a pas vocation érotique, l'on y trouve des gravures évocant les guerres napoléoniennes, des natures mortes de Mr. Chardin, maître du genre, des paysages de parfaits inconnus et...
Palsembleu !... Trois originaux de Louis Malteste !...
Mal encadrés, mais qui vont peut-être être plus causants sur la technique employée par notre homme. (N'hésitez pas à agrandir cet extrait).
Le dessin est réalisé sur papier à grain, typiquement aquarelle. Un second cadre en relief creuse le support. Signe d'une presse ?... Mais ladite à-elle servi à l'impression de l'estampe, ou simplement à creuser le cadre ?... L'image a subi les outrages du temps, elle est gondolée.
Une question encore : pourquoi ces illustrations pour ouvrages coquins seraient-elles tirées à plusieurs exemplaires ?... Vente discrète à des collectionneurs éclairés ?... Pas impossible. Aucune numérotation ni date n'apparaîssent toutefois sur ces images.
Seconde illustration de Malteste que je n'ai encore jamais vue, ce qui n'est pas son moindre intérêt. Même technique que la précédente. Scène de la vie rurale à la Malteste, dans la bonne humeur !...
Le réalisme classique de l'artiste s'exprime dans le rendu des mains du pépé...
...Et dans sa trogne nourrie au calva !...
Les fesses crispées de la demoiselle portent des stigmates celluliteux habituels chez Malteste, qui travaillait souvent d'après des photos clandestines prises dans les maisons closes. C'est ça aussi, le réalisme !...
Sur le plan du détail, les dessins de notre homme regorgent toujours de faisceaux de verges de bouleau... Il en traîne toujours partout.
Vilaine définition d'image, qui nous prive d'un élément important :
le regard de la fesseuse !... L'on perdrait quelque chose à ignorer cette expression de joie sadique qu' éprouve la dame à rougir ce cul, pour une fois ferme et pommelé !...
Bien, ben je ne sais toujours pas s'il y a eau-forte ou pas, mais cela nous aura au moins fait passer un moment en bonne compagnie...
Et si vous avez une idée sur la question, elle sera la bienvenue.