Le Temps des Liliputes 3
Après ma tentative ratée de capture d'une Lilipute, ( si vous ne vous en souvenez pas, retournez voir le post du 24 août dans la rubrique Photomontages ) une bougresse fichtrement ravissante - qui devait bien faire ses 200 dpi - a pointé son minois au coin de mon écran. Je n'ai pas bougé, faisant semblant de m'intéresser au calque de texte que je travaillais à ce moment.
Comme elle restait hors d'atteinte et prête à replonger dans les cristaux liquides, j'ai dit tranquillement :
- Tu peux venir, tu sais, je ne te ferai pas de mal.
- Ouais !... J'ai vu ce que tu as fait à Suzy, l'autre soir !... Tu l'as enfermée dans un verre à pinard où elle pouvait même pas se tenir debout !... Tortionnaire !... Louis XI !...
- J'avoue que j'ai eu tort... Mais je ne sais pas comment m'y prendre, avec vous toutes; vous débarquez sur mon bureau, vous semez la m... Enfin, le désordre...
Mais toi, je crois que tu es différente, tu es trop jolie...
- C'est vrai ?... Tu me trouves belle ?...
Toutes les mêmes, qu'elles soient de chair ou de pixels !... Elle s'est enhardie et a pris des poses avantageuses, se servant de mes bouquins de Sadie Blackeyses (*) comme d'un podium de cabaret. "Je sais que je suis pas mal gaulée", a-t-elle poursuivi; "mais internet, c'est juste pour me faire connaître, ce que je veux, c'est faire du cinéma."
P'tain !... J'en ai connu, des actrices du X, qui rêvaient de tourner avec Delon !... A part Brigitte Lahaie ( que je salue au passage ) qui a su se recycler avec classe et intelligence, il n'y en a pas beaucoup qui ont fait carrière hors des caisses de supermarché. Ou pire encore.
- Naturellement, que tu es belle !... Et tu sais que je m'y connais, c'est mon job de dessiner des jolies filles !...
Elle a fait une moue entendue, en disant :
- Oui, je sais. Mais c'est curieux, tes filles, elles ont souvent les fesses rouges !...
- C'est une réputation qu'on m'a fait...
J'ai pas pu me retenir - mettez - vous à ma place - je l'ai effleurée du bout du doigt. Elle était incroyablement douce et chaude. Humaine !...
Mais elle a illico fait un bond et a disparu, absorbée par l'écran qui affichait toujours ma fichue page de texte, non sans m'avoir, au passage, traité de saligaud.
Toutes les mêmes, ainsi que je le disais plus haut.
(*) Alias Pierre Mac Orlan, quand il écrivait des romans sur la flagellation...