La Fessée des Faussaires
Je suis tombé sur des choses amusantes, par- ci, par- là, sur le web.
Des dessinateurs généralement inconnus, amateurs - mais qui signent parfois sans trop de gêne - qui pompent éhontément des illustrateurs du début du siècle. Cela peut être considéré comme un hommage, mais vu qu'en général la technique est plus qu'approximative, c'est un hommage dont se passerait probablement l'auteur s'il vivait encore !... Perso, ça me fait de la peine, mais c'est pas grave !...
Quelques exemples pour illustrer ce propos :
Si ce dessin de Louis Malteste ne vous évoque rien, allez donc demander à Stan de vous montrer le creux de sa main !...
La ( grande ) petite fille de Malteste est devenue femme, et des tapis aux motifs incroyablement détaillés ont alourdi l'espace... La couleur s'est aussi ajoutée à la composition, mais le plagiat est incontestable. Pas de signature visible.
Le même gaillard s'attaque ici à Herric ( Ch. Hérouard ). Je n'ai pas retrouvé l'illustration de référence, mais je la connais particulièrement bien, et la copie est évidente. On reconnaît la science des plis du tissu d'Herric et ses martinets ébouriffés... Par contre, jamais il n'aurait commis ce store hideux !...
Comme pour la précédente image, notons un travail très ( trop ) poussé au niveau du décor. Un voyeur devant la fenêtre a aussi été ajouté. Quant à la victime, elle arbore une tête assez disproportionnée. C'est pas le tout, de copier les grands, encore faut-il avoir un minimum de technique pour faire passer la contrefaçon !...
Herric semble avoir assez attiré les faussaires... Voici une de ses illustrations originales, hélas bien mal recadrée.
Et sa reproduction anonyme. On voit mal l'intérêt de la chose. Il semblerait qu'en plus, le copiste reprenne le vilain cadrage, prouvant qu'il ne connaît même pas l'illustration originale !...
Herric encore, dans sa veine SM la plus délirante, mais toujours avec cette élégance inégalée du trait...
Aïe !... Ça se gâte !... Une sorte de Cat Woman fouette une fliquette d'opérette en petite tenue... Perso, je décroche, ou je rigole carrément en buvant un verre de Champ. ( De préférence, hein ?... )
On admire le drapé de la robe, et les entrelacs du fouet sur les fesses et les cuisses de la fustigée. Je ferai un sujet sur Ch. Hérouard, un de ces quatre, il en est plus que digne.
Ok, là, je vais siroter une chartreuse verte pour essayer de digérer ce barbouillage injurieux !... Eh bien, ces deux chefs-d’œuvre pour une fois, son signés, figurez-vous, et c'est une femme qui les a commis : Une certaine Sylvie Jones, à qui je flanquerais volontiers une magistrale déculottée en guise de premier cours de dessin !...
Superbe estampe au crayon carbone sur papier à grain, de l'excellent Eugène Reunier, intitulée avec un certain humour : "La Gouvernante Irascible"... Contrairement à certains, ce dessin n'est pas l'illustration d'un texte mais une œuvre libre. Ce qui donne une idée des penchants personnels de l'artiste, d'autant que nombreuses sont ses compositions où la cravache a son mot à dire...
La copie semble avoir été réalisée plus ou moins au lavis, mais est évidemment bien médiocre comparée à l'original, et sans apport particulier au sujet.
...Et puis il y a ceux qui retouchent les images, pour les faire coller davantage à leur fantasmatique !... J'aime moins, là, surtout quand il s'agit de MES dessins !...
Illustration d'une historiette parue dans le magazine "Whip", en 1997.
Bien longtemps plus tard, je tombe là-dessus :
La blonde fessée est devenue un mec, par raccourcissement des cheveux et rabotage des seins !... Merci Toshop ou autre logiciel de retouche !... La cordelette verte qui lie les jambes au-dessus des genoux a disparu, les chevilles se retrouvent plus largement encordées. Hormis ces transformations, j'apprécie celle qui a fait disparaître ma signature...
Ici aussi, ma signature s'est envolée. La dame de gauche crispe étrangement ses petites mains... Celle de droite brandit sans conviction une raquette de ping-pong...
L'illustration telle que je l'avais conçue remet les pendules à l'heure, mais ne convenait vraisemblablement pas à ce monsieur, qui préférait une fessée à la raquette plutôt que canne et cravache...
Je n'aime pas trop ces tripotages, mais je crois que, de plus en plus, lorsqu'on publie sur le web on tombe dans le domaine public bien avant les cent ans requis !...
Sans adhérer à l'affirmation de Georges Darien : "La propriété, c'est le vol", je crois qu'il ne faut pas être trop regardant sur cette question, ou éviter de s'exhiber sur le net !...