La Fessée Improbable
Lorsqu'un dessinateur s'exprime dans le domaine SM, et en particulier celui de la fessée, il est assez courant - et normal, je trouve - que le sujet ne lui soit pas indifférent dans sa vie érotique personnelle. De toutes façons, les dessinateurs dignes de ce nom sont généralement des amoureux du cul, et s'ils se sont décarcassés durant des années pour parvenir à aligner quelques traits justes et précis, c'est pour enfin parvenir à dessiner des filles à poil, ce qui n'est pas du tout facile si l'on est exigeant. Enfin, pour moi, c'était comme ça.
Un illustrateur, a fortiori un dessinateur de BD, doit savoir exprimer dans ses images une certaine vérité dans la gestuelle, dans l'expression, dans le mouvement; le pistolero qui dégaine, le coup de poing dans la tronche, le type qui plonge derrière un tas de cailloux tandis que les bastos sifflent sinistrement au-dessus de ses miches : K POW !... Pfiouuuu !... Tziiiiinnnng !... Mais je m'égare. (*)
Il est évident que le dessinateur n'a jamais vécu ces situations périlleuses lui qui, tous les jours, sort péniblement de son pieu en bâillant et en râlant et se traîne jusqu' à sa tasse de café, puis à sa table de travail ( à savoir n'importe quel plan à peu près horizontal où l'on peut poser une feuille de papier pour gribouiller dessus après avoir viré les miettes d'un revers de main désinvolte. ) Enfin, pour moi, c'était comme ça.
Il n'a pas vécu ces situations, mais il SAIT comment ça se passe, il l'a vu au cinéma et dans les BD de ses aînés, et il dessine la scène avec tout le réalisme voulu, surtout quand les astres lui sont favorables. ( Je ne parle pas des gros nuls, évidemment. ) Enfin, pour moi, c'était comme ça.
Mais si nous en venions au fait, vous dites-vous, et je ne vous donne pas tort !... Eh bien le fait, c'est quand je vois dessinées des scènes de fessées illogiques, et que je me demande alors si l'artiste a seulement conscience de ce qu'est une fessée, et comment on la donne de la façon la plus basique !... Et qu'il l'ignore me laisse pantois même s'il n'est pas pratiquant. Et il l'ignore, cela semble évident, lorsqu' on voit la scène qu'il a élaborée... Dans bien des cas, il semble que le dessinateur soit plus proche du tueur de la mafia, du légionnaire qui saute sur Kolwesi ou de la fatale partie de poker qui vit l'assassinat de Wild Bill Hickok, puisque sur ces sujets, il est réaliste.
Mais c'est quoi : "improbable" ?... Questionnez-vous encore, et bien que vous ayez raison, vous commencez à m'agacer légèrement mais on règlera ça plus tard. Ca veut dire quand le mouvement plus que simple de lever et d'abaisser la main vivement sur un cul apparaît impossible à l'image. Il faut que je vous donne un exemple, je le sens. Prenons Mancini.
Au fait, Mancini, c'est WG. Colber, vieux de la vieille de la BD érotique. Souvenez-vous des éditions "Sex Bulles", "Bédé X " et "Bédéadult'’ ... ( Enfin, naturellement, je m'adresse aux plus matures de mes lecteurs et lectrices !... ) Mancini, c'est aussi Robert Hugues, de son vrai nom, mais qui n'apparut guère dans son travail. Ce gars là n'est pas un débutant, il dessinait des fascicules de "Tim l'Audace" pour les éditions ARTIMA quand j'étais ado, que je consommais deux fois par mois... Son nom m'était inconnu, car les dessinateurs de BD pour la jeunesse ne signaient pas leurs oeuvres dans la plupart des boites. Je ne me doutais pas qu'il deviendrait un jour connu pour ses BD érotiques, alors que son boulot "honnête" chez "Artima" ( devenu Arédit ) le condamnait à l'anonymat ainsi qu'il était courant à cette époque. J'en sais quelque chose, dans la mesure où j'ai moi-même commencé ma carrière aux éditions Artima comme monteur-retoucheur... Mais je m'égare (*) encore, revenons au propos.
Bien que professionnel du dessin et ayant pratiqué tous les sujets, Mancini me scie lorsqu'il campe des scènes de ce genre :
Là, en plus, on a l'impression que la malheureuse ne repose même pas sur les genoux de sa sévère maman !...
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?... Mais surtout POURQUOI compliquer une fessée ?... On amène la demoiselle fermement aggripée par le poignet et on la couche en travers de ses genoux. Si l'on est gaucher, comme Stan, on effectue la chose dans l'autre sens et c'est tout. Une fois la punie en position, on lève la main la plus proche de son derrière, et on claque. Mon Dieu que c'est facile, une fessée !...
La position reste anormale, mais disons que la demoiselle peut logiquement se faire échauffer le derrière...
Enfin bon, c'est quand même pas très convaincant, trouve-je.
Et alors la gifle, pas plus crédible !... On dirait que maman baffe sa fille dans le dos !...
Bon, notre homme rectifie son tir de temps à autres, mais je continue à me poser des questions...
Mon impression, c'est que Mancini a fait du SM parce qu'il y avait un public, mais que ça ne l'intéressait pas plus que cela.
Si je me trompe, qu'il n'hésite pas à me le dire...
(*) Non, je ne le ferai pas.
(*) Non, j'ai dit non, c'est non.