Carlo et Charléno sont en Bateau...
Tout comme ses glorieux confrères Louis Malteste ( dont j'ai parlé ici ), Chéri Hérouard, René Giffey, Carlo est incontournable dans l'illustration sado-masochiste de ce début de siècle, auteur de très nombreuses illustrations.
Cependant, on ne sait pratiquement rien de lui, et des différences de style parfois marquées ont fait dire à certains que Carlo aurait été le pseudonyme commun de plusieurs artistes pondant à la chaîne des images érotiques !... J'avais lu cela dans un petit bouquin des années70, et plus récemment aussi sur le net. Les rumeurs idiotes franchissent les âges !...
Cette théorie aberrante n'est en rien fondée, et je suis bien placé pour savoir qu'un dessinateur peut parfois avoir des écarts de style dans sa production ; peut-être qu'un jour, un rigolo écrira qu'il y avait plusieurs Waldo vu le nombre d'illustrations que j'ai commises...
Ce qui est sûr, par contre, c'est que Carlo était le pseudonyme de Charléno, dessinateur de presse, et il suffit pour s'en convaincre de comparer leurs deux signatures :
Tout comme CH. Hérouard, qui signait Herric ses dessins SM, Charléno signe les siens Carlo.
A noter que les deux signatures vont évoluer au fil du temps, mais garderont toujours des points communs évidents.
Charléno travailla brièvement pour la presse enfantine dans "Fillette" ( hum ! ) mais bien davantage pour les journaux "L'Humour" et "Sans Gêne" ( où l'on retrouve d'ailleurs aussi René Giffey, dont je vous parlerai un jour ).
On le voit aussi dans "La Vie Parisienne" et dans "Marius".
Charléno - qui signe à ses débuts Noël Charléno mais qui abandonnera assez vite le prénom - apparaît au début des années 1920.
Il fait principalement du dessin de presse politique et du dessin humoristique.
Dans ceux-ci, Carlo pointe parfois sous Charléno, comme Napoléon pointait sous Bonaparte, témoin ce dessin où "la fille de la meunière à mérité une correction"...
Ses autres travaux pour la presse nous offrent des images nettement moins drôles, jugez-en :
Un beau lavis daté de 1925 qui n'engendre pas la joie. La Misère...
...Et une de ses conséquences. Dessin au crayon de 1932
Les desperados du viel Ouest Américain vus par Charléno. Très joli dessin à la plume,
qu'on croirait croqué sur le vif...
Dans les deux dessins politiques ci-dessous, un oeil exercé retrouve le style
de Carlo.
Des enfants attaquant des tanks à coups de cailloux, ça ne vous évoque pas quelque chose ?...
Là, c'était en Ethiopie.
L'histoire est un éternel recommencement.
Merci à l'ami Fabrizio pour m'avoir communiqué les scans de ces images rares. Il en possède plein d'autres dans sa boutique aux merveilles !... Avis aux collectionneurs... N'hésitez pas à le contacter :
fabrizio.obertelli@wanadoo.fr
Les premiers dessins érotiques de Charléno sous le nom de Carlo naissent vers 1928
pour s'éteindre aux alentours de 1934, et illustrent des titres
célèbres comme "Les deux Camille", d'allan Kardy, "Cinglantes Epreuves"
de Désiré Van Rowel, ou encore "Le Cuir Verni" d'Allan Mac Clyde, ( et de nombreux autres ) qu'il réalise pour
"La Librairie Artistique et Parisienne" Et "La Librairie Générale", dont
tous les ouvrages tournent autour du fouet et de la cravache.
Charléno poursuit son travail dans le dessin politique jusqu'aux prémices de la guerre (environ 1938 / 39) puis... Disparaît sans laisser de traces. On ne le reverra jamais...
Mystère.
Quoi qu'il en soit, j'ai retrouvé dans mes collections des illustrations de Carlo que je n'ai encore jamais rencontrées sur le net et que je vous propose ci-dessous.
Ce sont de très beaux dessins au lavis, très soignés jusque dans les décors et les accessoires, qui n'évoquent pas des images faites à la hâte et allant droit à l'essentiel, ainsi que c'est souvent le cas.
Parfois, la fessée s'alourdit de l'humiliant lavement...
Bien que ces demoiselles semblent y prendre un certain goût...
Par contre, je ne sais pas quel bouquin illustraient ces belles estampes !...
Help !... Fabrizio ?...