IMMORTEL...
Le comte Dracula, le plus célèbre de tous les vampires est immortel, bien que non-vivant.
Tant de fois détruit, autant de fois ressuscité, pour le plus grand plaisir des fans du cinéma fantastique dont je faisais partie.
Christopher Frank Caradini-Lee, dit Christopher, est sans doute la plus grande figure du cinéma fantastique d'après-guerre, avec son ami Peter Cushing, qui fut si souvent son partenaire à l'écran, sous les couleurs somptueuses des films de la Hammer. Il est l'égal de ses aînés des années 30, les Lugosi, Karloff, Lon Chaney, John Carradine...
Christopher Lee
Cette affiche de Guy Gérard Noël, reproduite au fronton du cinéma "Midi-Minuit", boulevard Bonne-Nouvelle, je ne suis pas près de l'oublier. Certes, je n'avais pas l'âge requis pour voir ce genre de flims en 1958, mais ce dessin, moult fois copié, je l'avais vu partout, dans la presse, et j'en rêvais... J'ai vu le film plus tard, et je n'ai pas été déçu. Ce fut le début d'une longue addiction...
Les mains étonnantes de Chris Lee, au moins aussi expressives que son visage...
Lee avait travaillé sur de nombreux films avant de crever l'écran dans le "horror of Dracula" de Terence Fisher, dont il fut l'acteur fétiche, mais il s'agissait de petits rôles, parfois à la limite de la figuration. On le trouvait "trop grand" (1m92)... Sa taille fut pourtant un atout pour le rôle de Dracula, impressionnant de stature, drapé dans sa cape noire doublée de pourpre... Et pour jouer la créature du docteur Frankenstein, et la momie ressuscitée !... Avec un mètre soixante, il aurait eu l'air fin, tenez !... Mais nous connaissons depuis assez longtemps l'imagination limitée des producteurs. (*)
Des mains uniques, vous dis-je !...
Après le succès de ses deux Dracula, Le cinéma italien l'invite à Cinecittà, et s'il joue dans une parodie lamentable : "Les Temps sont Durs pour les Vampires", en compagnie de l'horripilant Renato Rascel, (**) Mario Bava, alors grand réalisateur fantastique italien avec "Le Masque du Démon", lui fait tourner "La Frusta e il corpo" en 1963. (***)
Récemment revue, l'oeuvre ne tient pas la route et ne vaut que par cette scène de flagellation érotique, comme je n'en ai jamais vu d'autres dans le cinéma "normal".
La très belle Daliah Lavi, fouettée et heureuse de l'être...
Le doublage russe en surimpression du dialogue anglais est consternant... on peut couper le son.
J'ajoute que d'infectes publicités squatent la vidéo. Cliquer sur Youtube en bas à droite pour basculer sur le site, où vous parviendrez plus facilement à virer les pubs. Et à agrandir l'image.
S'il personnifia aussi Raspoutine et Sherlock Holmes, il est, en 1974, le grand méchant Francisco Scaramanga, guest star du James Bond : "L'Homme au Pistolet d'Or".
Avec le petit Roger Moore...
Et il atteint une sorte de consécration en jouant les grands barbus de "Stars Wars" et du "Seigneur des anneaux", qui ne sont vraiment pas ce qu'il a fait de mieux, mais succès planétaire oblige.
Au "naturel", avec Peter Cushing
Ces deux-là m'ont accompagné une bonne partie de ma vie, et je leur ai souvent rendu hommage, au fil de mes dessins...
Son dernier partenaire illustre : le Prince Charles d'Angleterre, lorsqu'il devint SIR Christopher Lee, en 2001...
Sir Christopher Lee nous a quitté le 7 juin, à l'âge respectable de 93 ans. Sans être aussi immortel que celui qu'il incarna durant des années, je gage qu'il vivra encore longtemps dans les mémoires ; dans la mienne, c'est certain.
(*) Il est intéressant de noter que le tournage de Horror of Dracula était prévu en quatre semaines, et c'est Peter Cushing, acteur connu et passionné par le thème, qui intercéda auprès de la production pour que l'on donne de la rallonge à Terence Fisher, qui souhaitait peaufiner le film...
(**) Le film est une vraie daube, mais à aucun instant Chris / Dracula n'est ridicule, le rôle du bouffon gesticulant étant réservé au comique alors en vogue.
(***) Le même Mario Bava le dirige également dans un de ces "peplums" qui fleurirent en Italie avant l'ère du western : "Hercule contre les Vampires"...
Détail moins connu, Chris Lee chanta l'opéra... Et d'autres choses encore :
Faut dire qu'il avait une voix à faire tomber les petites culottes.