Fin de la Traque
Je suis assez emm - bêté. J'ai retrouvé Waldo !...
Je devrais être content, vous allez me dire. Le problème, c'est que je ne l'ai pas exactement trouvé ; enfin, pas comme j'aurais dû...
Oh, et pis merde, autant parler vrai : c'est lui qui m'a trouvé.
J'ai un peu honte, mais on en meurt pas, hein ?... On peut pas être gagnant à tous les coups.
Depuis une bonne semaine que je suis à Bruxelles, j'ai fureté partout, principalement dans les librairies, et les endroits où l'on vend des choses, euh, grivoises. Du cul, quoi, parlons Vrai.
Je suis allé à la boutique "Minuit", galerie du Centre, pas loin de la Grand-Place. Pas moins de trois vitrines bourrées de trucs fétichistes, des costumes, des accessoires, des fouets, des cravaches, des godes, des produits que je ne sais même pas à quoi ça sert...
Le patron, Jürgen, qui connaît très bien le recherché, m'a reçu dans son bureau, à l'étage :
- Waldo ?... La dernière fois que je l'ai vu, c'est quand il a sorti son recueil de dessins... Faites-lui bien mes amitiés, si vous le voyez !...
Il était très occupé, il m'a donné une adresse que j'ai notée dans mon petit carnet crasseux. C'était pas trop loin, place Fontainas.
Dans cette librairie plutôt orientée, on le connaissait aussi, l' éclipsé, mais il n'était pas passé depuis longtemps.
De lieux sulfureux en places inconvenantes, j'ai atterri ici, à deux pas de l'église des Riches-Claires :
Rien qu'à voir les instruments chromés et pénétrants qui envahissaient la vitrine, parlons vrai, j'ai failli aller au refile. J'ai pris une grande inspiration et j'allais entrer dans le magasin, quand une voix a dit dans mon dos :
- Pas la peine, Burné. C'est trop gay pour vous, ici !... Il ne feraient qu'une bouchée du petit flicaillon moisi...
Vous avez pigé : c' est le manquant à l'appel qui, finalement, m'avait mis la main dessus !...
Nestor Burné, pas fier.